Les Brenets et la Vue des Alpes : 24 avril 2021

Les Brenets et la Vue des Alpes : 24 avril 2021

Par une journée printanière lumineuse à souhait, nous avons mis le cap sur les Brenets. Quinze membres du GANaL sont de la partie. Juste avant la frontière avec la France, nous entrons dans un petit coin de paradis, le bas-marais des Goudebas. Ces prairies marécageuses sont périodiquement inondées par les crues du Doubs ou le débordement de la Rançonnière qui marque la frontière franco-suisse. Le marais est également alimenté par de nombreuses sources et résurgences formant des ruisseaux qui méandrent à travers les prairies d’un vert vif, piquetées de plusieurs milliers de grandes clochettes en damier rose-pourpre, perchées sur leurs tiges délicates. C’est la plus importante population de fritillaire pintade de Suisse. Et bien sûr tout autour de nous, résonnent les chants des oiseaux typiques de ces biotopes, ceux des pouillots fitis, des pouillots véloces, des troglodytes, des fauvettes à tête noire, des rougegorges, des bergeronnettes grises et des ruisseaux, tandis que dans le ciel croisent les milans noirs et royaux. Dans un petit étang et dans un ruisseau, nous découvrons des tritons alpestres, des crapauds communs, une grenouille verte et une petite ponte tardive de grenouille rousse.

Nous quittons ce petit site merveilleux pour un autre endroit tout aussi splendide, juste au-dessous de la Vue des Alpes, face au lac de Neuchâtel. Là, sous d’immenses érables de montagne certainement bi- ou tricentenaires, entourés d’un tapis de petites jonquilles jurassiennes, nous pique-niquons près d’une fontaine avec vue sur le panorama du Val de Ruz et des Alpes bernoises perdues dans les brumes. Me vient à l’esprit le magnifique poème de William Wordsworth, poète romantique anglais, inspiré par ses promenades dans le Lake District:

“I wandered lonely as a cloud
That floats on high o’er vales and hills,
When all at once I saw a crowd,
A host, of golden daffodils;
Beside the lake, beneath the trees,
Fluttering and dancing in the breeze.”

Que dire de plus pour exprimer notre sentiment devant ces arbres vénérables, la délicatesse des jonquilles, des derniers crocus, des tabourets bleuâtres et j’en passe. Dans et sur les sapins s’égaient les roitelets, les grives draines, les pipits des arbres, les pinsons etc. Une joyeuse petite bataille de boules de neige nous fait revenir sur terre.

Il est 14 h.30. Les participants de la sortie ne sont pas encore rassasiés et nous nous rendons dans les couches plus basses explorer la garide du Pertuis-du-Sault au-dessus du jardin botanique de Neuchâtel. C’est une belle mosaïque de milieux ouverts, avec des dalles affleurantes, des pelouses maigres ponctuées de petits massifs de buissons bas, comme l’amélanchier à feuilles ovales, l’épine-vinette, le sorbier… Nous trouvons encore beaucoup d’orchis bouffon déjà en train de terminer leur floraison. Les papillons et insectes volètent tout autour de nous. Et c’est ainsi que s’achève cette excursion riche en émotions partagées par un groupe de passionnés.

Martina Suter Trandafir