Bois de Finges, étangs d’Agarn et Forêt brûlée : 25 mai 2024

Bois de Finges, étangs d’Agarn et Forêt brûlée : 25 mai 2024

Encore une immersion sans limite d’heure dans la merveilleuse nature qui est à nos portes. Nous sommes neuf membres à partir à 8h de Puidoux. Une heure plus tard, nous sommes rejoints à l’entrée du Bois de Finges par deux membres descendus des hauteurs du Val d’Anniviers, et qui se joignent pour la première fois à une de nos sorties. Dès nos premiers pas, c’est un festival d’orchidées qui nous émerveille. Il y a là en quantité la platanthère à deux feuilles, l’orchis casqué, la délicate ophrys mouche, la limodore à feuilles avortées, l’orchis brûlé, et… une magnifique touffe de la reine en sabots, ceux de Vénus! 😀

Nous traversons ensuite les divers milieux du Bois de Finges, avec ses petits lacs miroitant entre les collines, la partie sablonneuse et caillouteuse qui fait penser à une petite savane, longeons le bisse qui sautille entre les pins sylvestres. Et tout au long, nous sommes accompagnés par les chants du Pouillot de Bonelli, du Rossignol, du Coucou et du Guêpier et observons quantité de lézards verts et des murailles et un magnifique lézard agile mâle dans sa belle livrée nuptiale, ainsi que des libellules, deux jeunes libellules déprimées revêtues de leur cuirasse dorée, un caloptéryx vierge et beaucoup d’ascalaphes soufrés.

Lézard agile et lézard vert

La gérante du camping enfoui dans la forêt de pins, nous invite à nous attabler pour déguster toutes les merveilles salées et sucrées apportées par nos membres. Quel festin et quelle joyeuse ambiance ! Ce qui nous rend moins euphoriques, c’est la tristesse de la gérante du camping qui après 60 ans doit fermer son établissement et qui nous fait redouter le pire concernant le passage de l’autoroute à travers ce lieu unique et précieux qu’est le Bois de Finges. Il semble qu’il reste encore bien des discussions ouvertes autour du tracé de cette artère… et je vous invite à garder les oreilles ouvertes, prêts à monter aux barricades si une opposition à ce massacre s’organise.

Après ce repas succulent et un bon café, nous passons deux petites heures aux étangs d’Agarn, à admirer les Guêpiers qui virevoltent au-dessus de l’eau, mais aussi un Traquet motteux, un couple de Tariers pâtres, une Pie-grièche écorcheur et des Bruants jaunes.

Guêpier à l’envol

A 16h, nous rejoignons Julia Wildi à la gare de Loèche et nous la trouvons en compagnie de deux autres membres du Ganal. Julia a travaillé pendant plusieurs années pour un bureau d’étude de l’environnement en Valais, où elle était la responsable du suivi du Gypaète. Actuellement elle a un poste à la Station ornithologique de Sempach et fait partie du groupe « Nouvel essor pour l’avifaune» pour les cantons romands. Il s’agit d’un nouveau programme-cadre proposant un soutien technique et financier pour la création, revalorisation et sauvegarde des habitats de l’avifaune en collaboration avec des entités publiques et privées intéressées.

Notre guide Julia Wildi

Le sujet du master en biologie de Julia était l’engoulevent en Valais et c’est justement cet oiseau que nous espérons entendre et peut-être voir au crépuscule. Mais avant la tombée de la nuit et tout en pique-niquant face à un panorama époustouflant, nous voyons tournoyer deux Aigles royaux, un Gypaète, un Epervier d’Europe, des Faucons crécerelles, observons le Bruant fou, le Rouge-queue à front blanc et sous tous les angles un mâle Monticole de roche pas farouche du tout, perché au sommet d’un arbre mort et surveillant clairement son lieu de nidification.

Monticole de roche

Julia nous explique que l’incendie de 2003, considéré comme une terrible catastrophe, s’est révélé comme une aubaine, un renouvellement de l’arborisation, ce qui a favorisé le retour et l’explosion de la population de Rouge-queues à front blanc, de Bruants fous, Bartavelles, Monticoles des roches et aussi de l’engoulevent. Mais comme la nature est vivante et en constante mutation, les biologistes constatent une progressive diminution du nombre d’engoulevents, le milieu étant peu à peu moins favorable à leurs besoins spécifiques. A tout moment intervient la question fondamentale, celle de l’intervention ou non de l’être humain dans les processus naturels. Je vous laisse méditer à ce sujet…

Revenons à notre sublime sortie. La nuit tombe peu à peu et soudain, nous voilà entourés du « ronronnement »  des engoulevents. Nous surprenons la silhouette en vol de deux ou trois de ces grands oiseaux si mystérieux et restons longtemps à écouter ces sons hypnotisants jusqu’à la nuit complète. Retour vers 22h30 à nos voitures, submergés de bonheur après une telle journée. Merci infiniment à Julia pour sa généreuse disponibilité et ses explications intéressantes et à ce groupe tellement sympathique et passionné.

Texte : Martina / Photographes: Isabelle Bovey, Pierre-Alain Cordey, Olivier Guillemin, Valérie Dormenval