Je ne pense pas que les treize membres du GANaL qui étaient de la partie me contrediront, si j’écris que ce 4 mai était une journée qui restera dans les annales des sorties du groupe. J’avais annoncé un bain de nature de l’aube à la nuit et je ne croyais pas si bien dire… Par contre je ne sais pas si je pourrai transcrire toutes les émotions que nous avons pu ressentir durant les moments uniques et rares de cette journée si riche. Heureusement que les 4 photographes talentueux et généreux pourront suppléer à la pauvreté des mots par leurs belles photos. Nous les en remercions chaleureusement.
Pour ne pas faire un texte fleuve, je vais me contenter d’énumérer la liste des oiseaux (ou fleurs) que nous avons observé ou entendu dans chaque lieu visité. Par contre je m’allongerai un peu sur les moments les plus marquants.
Premier arrêt : le haras national suisse près d’Avenches, avec leur nombre incalculable de nids de cigognes. Sur certains toits, nous ne dénombrons pas moins de 12 nids avec chaque fois une paire de ce bel échassier. Partout des cigognes le bec chargé de branchages, de feuilles et de mousses pour agrandir, embellir et améliorer leurs nids, puis leur bruyant craquètement lorsqu’elles retrouvent leurs partenaires.
Deuxième arrêt : embouchure de la Broye (rive gauche) à Salavaux. Chant des Rossignols, des Fauvettes des jardins, des Loriots, de la Locustelle luscinioïde. Observation de la Rousserolle effarvatte et turdoïde, d’un Chevalier guignette et d’un Chevalier gambette, des Sternes pierregarin, de Grèbes huppés, de Nettes rousses, très belle et longue observation d’un Coucou gris.
Troisième arrêt : petite réserve Pro Natura à Guévaux sur la rive nord du lac de Morat, une belle roselière, un verger à haute tige, une prairie maigre et un champ en friche. Courte apparition du Tarier pâtre ; orchis casqués et beaucoup de rosettes annonçant d’autres orchidées. Puis traversée du Vully par une magnifique petite route qui nous amène tout droit à la Sauge.
Quatrième arrêt : rizière à la Sauge. C’est un projet commun d’un agriculteur (que nous rencontrons par hasard et tout heureux de voir notre intérêt), la station ornithologique de Sempach et BirdLife. Et le résultat est prometteur. Plusieurs Chevaliers sylvains, un Grand et un Petit Gravelot, une Bergeronnette printanière et plusieurs couples de Vanneaux huppés, dont certains sur leurs nids.
Et c’est déjà l’heure de manger. Nous nous installons autour des tables de pique-nique à la Sauge, sous un platane géant, et nous dégustons et buvons toutes les merveilleuses productions culinaires que chaque membre a apporté. Un festin! Merci à vous tous!!!
Cinquième arrêt : le Fanel. Plusieurs observations magnifiques : une Pie-grièche écorcheur mâle, un Tarier pâtre voltigeant sur place avec la légèreté d’un colibri et qui nous accompagne en passant d’un piquet à l’autre, un couple de Fauvette des jardins, des Bruants des roseaux, un Chardonneret élégant en train d’arranger son nid dans la fourche d’un petit saule. Sur et autour des îles des Oies cendrées, des Courlis cendrés, des Sternes pierregarin.
Sixième arrêt : Krümmi. En nous rendant à la Krümmi, court arrêt pour admirer la symbiose entre 4 Hérons garde-bœufs et des vaches se laissant volontiers débarrasser le museau et les oreilles de mouches et autres parasites agaçants. J’évite de justesse une hermine portant un gros mulot dans la gueule. A la Krümmi nous admirons le paysage bucolique des vaches écossaises paissant autour des petits étangs et dans la prairie maigre.
Septième et dernier arrêt de la journée (au septième ciel): Auried. Nous nous plongeons avec délice dans ce petit nid moussant de verdure et de sérénité et rempli des chants printaniers des oiseaux, notamment celui omniprésent de la Fauvette des jardins et du Rossignol. A peine entrés dans la réserve, un naturaliste fribourgeois nous rend attentifs à la présence d’une petite rainette endormie dans un fouillis de ronces, directement au bord du chemin. Dans son immobilité ramassée, elle me fait penser à une broche de l’Egypte antique. Quelques minutes plus tard, la belle endormie se réveille, étire ses pattes à ventouses, se contortionne et se gonfle jusqu’au point d’éclatement, se dégonfle, ouvre grande sa gueule et gonfle son sac vocal comme pour tester tout cela avant le spectacle nocturne. Puis les merveilles s’enchaînent. La beauté de notre canari européen, le Bruant jaune dans un champ labouré, des Vanneaux au vol dansant accompagnés de leurs cris et miaulements si caractéristiques, une femelle Vanneau soucieuse de rassembler ses quatre petits à peine nés, et qui trébuchent entre les gros galets pour finalement se réfugier sous les ailes protectrices de maman, des chevreuils à la lisière de la forêt, un Grèbe castagneux avec son petit, des Hérons cendrés avec leurs petits encore au nid dans les roseaux, trois castors dans le lit de la Sarine, deux sur un rocher en train de faire longuement leur toilette personnelle, mais également celle de l’autre, le troisième grignotant un bâton tiré de sa réserve cachée entre deux blocs, puis passant sous le pont juste en-dessous de nous et finalement, avec l’arrivée de la nuit, le concert sonore des rainettes.
Nous retournons à nos voitures à 22h30, absolument sous le coup de tant de belles observations. Une toute belle sortie en compagnie d’un magnifique groupe du GANaL!
Texte : Martina / photos: Pierre-Alain Cordey, Olivier Guillemin, Gilbert Bavaud