Nous longeons la Broye en train depuis Palézieux, nous la voyons qui traverse le joli défilé de la Bressonnaz…. Nous nous attristons de la trouver corsetée dans une canalisation rectiligne entre Moudon et Lucens.
A la minuscule gare d’Henniez, en rase campagne, 10 membres du GANaL descendent du train, accueillis par six autres membres venus en voiture … et par le chant d’un Bruant jaune. Nous longeons en rive droite ce petit tronçon de la Broye dont l’endiguement datait de 1904, mais actuellement renaturée à grands frais et au prix de longues tractations … mais quel magnifique résultat. Pour limiter l’érosion , le lit de la Broye a été élargi à 35 mètres sur une longueur de 135 mètres. Les eaux en crue s’écoulent par conséquent plus lentement, ce qui diminue leur force érosive, des bancs de sable apparaissent, ainsi que de petits bassins d’eau.
Sur cette rive droite nous admirons les plantations récentes de quantité de buissons indigènes et d’arbrisseaux typiques de ce genre de biotopes, saules, peupliers blancs, aulnes noirs, viornes, ormes, érables etc. Nous trouvons plusieurs plants d’orchis casqués en début de floraison. Par contre nous sommes clairement deux à trois semaines trop tôt, les fauvettes des jardins qui s’égosillent dans les haies qui bordent le chemin et la rousserole verderolle qui en fait de même dans les roseaux, ne sont pas de retour de leur migration.
En traversant le joli pont en bois, changement total d’ambiance. En rive gauche, les travaux de restauration écologique laissent à la Broye un plus grand espace de divagation. Nous entrons dans la magie de la forêt alluviale des « îles de Villeneuve », inscrite depuis 1992 dans l’inventaire des zones alluviales d’importance nationale. Nous suivons le sentier «Boris le Castor» accompagnés d’un superbe concert de Grives musiciennes, les Fauvettes à tête noire et les Troglodytes mignons exultent. Belle observation d’un couple de Mésanges nonnettes et d’un couple de Grimpereaux des bois. A nos pieds s’étale un parterre d’ail des ours et de muguets.
Au sortir de la forêt, nous traversons le village de Villeneuve avec quelques magnifiques fermes anciennes et nous nous engageons dans les gorges du Flon, petit ru qui s’est creusé un profond canyon dans la molasse et qui plonge depuis Surpierre en une cascade impressionnante vers le village de Villeneuve. Dans cette gorge nous trouvons une plante que l’on ne trouve pas fréquemment en Suisse. La lunaire vivace (lunaria rediviva), qui contrairement à la lunaire annuelle (lunaria annua) avec ses fameuses monnaies du pape rondes, a des « monnaies » nacrées allongées.
Puis c’est la grande grimpée jusqu’au petit château privé de Surpierre. En chemin, nous scrutons longuement une grande falaise où des cascades de fientes attirent notre attention, des Hirondelles des rochers? A tirer au clair une autre fois. Mais… l’heure presse et tout le groupe adopte un pas de sportifs d’élite pour regagner la petite gare d’Henniez.
Une revitalisation de rivière certes coûteuse, mais oh combien réussie et belle… la Broye redevient sur quelques mètres une vraie rivière pleine de vie !
Texte : Martina / Photos: Gilbert Bavaud