Lausanne côté nature – potagers, vergers, étangs et plan canopée : dimanche 25 août 2024

Lausanne côté nature – potagers, vergers, étangs et plan canopée : dimanche 25 août 2024

Lors d’une balade passionnante à travers Lausanne, notre membre du Ganal Thierry Girard, nous fait découvrir les projets environnementaux passés et futurs de la Ville de Lausanne, les  enjeux majeurs actuels et les diverses réalisations en matière d’environnement en milieu urbain. Fraichement retraité, il était employé comme technicien de chantier au  bureau d’étude et projets de la Ville de Lausanne. Sa mission principale consistait à suivre et faire réaliser les projets d’aménagements développés par le bureau, comme par exemple les plantations d’arbres, les réalisations des places de jeux, etc. Il avait en outre la responsabilité de l’aménagement et du suivi des plantages Lausannois et des vergers.

Thierry nous fait l’historique du lac de Sauvablin

Comme toujours ce rapport ne peut qu’effleurer quelques-uns des moments de la journée et en aucun cas rendre la richesse des informations très professionnelles reçues de Thierry.

La visite commence à Sauvablin qui accueille plus de 350000 visiteurs par an. Thierry nous résume l’historique de ce grand bois de chênes qui servait autrefois de pâture aux cochons, moutons et chèvres jusqu’à la création et l’inauguration du lac artificiel en 1888 pour permettre aux Lausannois de patiner en hiver et canoter en été. Il y a 15 ans, d’importants travaux de renaturation sont entrepris, le lac est vidé et nettoyé des boues accumulées et polluées de cuivre, les berges auparavant bétonnées sont aménagées en pente douce, sur le pourtour du lac , le bitume cède la place à des surfaces perméables. Le lac alimenté auparavant par le réseau d’eau de la Ville, l’est actuellement par deux sources du Mont et un trop-plein est installé pour permettre le contrôle du niveau et de la température de l’eau. Le lac de Sauvablin présente actuellement un aspect très naturel avec quantité de plantes aquatiques, des joncs, des massettes, des iris jaunes.

Au bord du lac de Sauvablin, le trop-plein qui permet de réguler le niveau de l’eau

Les biches du parc jouxtant le lac ont été remplacées par des espèces indigènes à protéger (ProSpeciaeRara) comme la vache Evolénarde et rhétique, la chèvre à col noir du Valais et la chèvre bottée, le cochon laineux etc. Directement à côté du lac, nous admirons la création d’un biotope destiné à accueillir les batraciens, grenouille rousse, crapaud commun, sonneur à ventre jaune, triton alpestre, mais aussi insectes aquatiques. Tout autour des tas de bois mort et de grosses pierres servent de refuge à la petite faune.

Les nouveaux étangs à batraciens

Nous poursuivons en traversant la forêt de Sauvablin, passons à côté de la Tour de Sauvablin, admirons la diversité des essences, repérons quantités de nichoirs fabriqués dans des ateliers protégés et occupés principalement par diverses espèces de mésanges. Cela nous amène au Signal de Sauvablin, où Thierry nous explique le concept d’une haie fruitière. Petits fruits, rhubarbes, pommiers, poiriers, néfliers, figuiers, argousiers et j’en passe se côtoient et sont offerts en libre-service!

Puis nous traversons ce qui fait la fierté de notre guide, le verger de l’Hermitage avec ses anciennes variétés fruitières à haute tige, couronnées à 1,80 de haut. Il y a là quantité de variétés suisses, cerisiers, pruniers, cognassiers, poiriers, pommiers aux noms chantants bien de chez nous et dont les fruits sont également offerts en libre-service à la population. Les traitements avec des produits biologiques se font tout au plus durant les trois premières années et il en va de même de la taille. Quelques mésanges et un gobe-mouche gris volètent parmi tous ces arbres fruitiers.

Thierry nous explique les arbres fruitiers dans le verger de l’Hermitage

Dans le parc du musée de l’Hermitage, nous apprenons que le grand cercle de lierre entourant le majestueux cèdre dans la cour a contribué à le sauver d’une mort certaine causée par le piétinement et tassement de la terre à sa base par les nombreux visiteurs.

Le grand cèdre dans la cour du musée de l’Hermitage

Après la traversée du parc de l’Hermitage, où nous admirons les arbres exotiques fort appréciés au 19 et début du 20ème siècle, nous entrons dans l’extraordinaire plantage du Vallon. Il existe 16 de ces plantages à travers Lausanne (à ne pas confondre avec les jardins familiaux).  Il s’agit de potagers urbains et communautaires, où les habitants du voisinage peuvent acquérir moyennant une finance d’inscription de 20.- et une location de 3.- le m2 par année, de petites parcelles allant de 6 à 24 m2. Les utilisateurs reçoivent des conseils, informations et un accompagnement professionnel et de nombreux ateliers participatifs leur sont proposés. Seules règles à respecter, pas de produits chimiques, pas de gazon, mais une culture biologique. Tout cela permet de sensibiliser le public et de créer des activités jouant un rôle social indéniable.

Plantage du Vallon

Plus loin, l’Association du quartier du Vallon a créé avec l’aide des jardiniers de la Ville, des îlots de verdure avec des surfaces perméables et des arbres entourés d’herbe, ce qui permet de refroidir la terre et de lutter contre les îlots de chaleur en période de canicule. A la place du Nord avec sa place de jeux joyeusement animée par une ribambelle d’enfants et de parents en ce dimanche après-midi, Thierry nous explique le plan canopée de la Ville de Lausanne pour faire face au changement climatique. Actuellement le feuillage occupe 20% de la surface de la Ville. Le but est de l’augmenter à 30%. En 15 ans le projet prévoit la plantation de 25000 arbres, et calculé avec des couronnes en moyenne de 10m de diamètre, la canopée augmentera de 195 hectares. En plus de fournir une ombre précieuse, l’arbre contribue par sa transpiration à rafraichir l’air ambiant. C’est un véritable climatiseur des villes.

Nous aurions volontiers écouté encore longtemps les explications de Thierry, dont nous avons tous apprécié l’humour, la disponibilité, la précision, la passion et l’engagement pour la protection de la nature. Il nous a permis de voir que de vrais efforts sont faits pour protéger et augmenter la biodiversité en ville. Des exemples le prouvent, comme les parterres à Ouchy, où les plantes annuelles ont été remplacées par des plantes vivaces et même des fleurs sauvages, la création de surfaces perméables, la politique de ne pas replanter d’arbres dans la forêt de Sauvablin, mais de laisser la nature faire ce travail, même s’il n’est pas « propre en ordre », comme nous avons encore trop tendance à organiser notre environnement. Mais Thierry nous a également permis de comprendre que c’est un dur combat pour obtenir des permis, des fonds, l’appui des politiques, mais également du public et qu’il incombe à tout un chacun de nous de contribuer à œuvrer pour préserver ce qui peut l’être. Et je crois que notre Ganal a ses cartes à jouer et s’y engage, grâce à ses nombreux membres enthousiastes….

Un immense merci à Thierry pour cette balade instructive et mobilisatrice!

Texte : Martina / Photos : Pierre-Alain Cordey, Martina Suter