Aujourd’hui nous faisons une valse à trois temps : Pointe à la Bise – Sionnet – Bois de Jussy.
A Pointe à la Bise, le groupe des 15 membres du GANaL est accueilli par le chant perlé du Rougegorge et celui plus énergique de la Fauvette à tête noire. Elle est déjà de retour dans nos contrées ! Perchés en haut de l’observatoire (un peu petit et branlant tout de même pour nous 15 enthousiastes !) nous surprenons le Butor étoilé, à plusieurs reprises des Râles d’eau, un Martin-pêcheur qui passe tel une fusée bleue, tandis que dans la petite baie barbotent quantité de Fuligules morillons et milouins, de Nettes rousses et que les Grèbes huppés paradent et défendent à coups de becs le coin où ils ont décidé de construire leur nid. A tout moment un tambourinement sonore nous parvient d’un peuplier creux, mais le percussionniste se garde bien de se montrer !
Le deuxième temps nous mène des marais de Sionnet aux ruines du château de Rouelbeau. Sous un ciel encore bien brumeux, nous arpentons cette zone marécageuse de la Haute-Seymaz, qui était jusqu’en l’an 2000 entièrement consacrée à la production agricole. Depuis, l’intervention des autorités, en collaboration avec les agriculteurs, a permis à la Seymaz de briser son corset de béton et de se répandre à nouveau librement en créant des zones humides favorables à la biodiversité. Dans ces mares, entre les laiches, pataugent des Canards souchets, des Chipeaux, des Gallinules poules d’eau et quantité de Sarcelles d’hiver dont on entend l’appel fluté. Par contre, côté limicoles, c’est encore le calme plat, hormis deux Bécassines. A l’abri des promeneurs et des chiens, six lièvres batifolent et dansent ensemble et nous offrent un spectacle inoubliable. Un Faisan de Colchide se glisse entre les herbes du marais. Près des ruines du château de Rouelbeau gazouille un énorme groupe de Linottes mélodieuses perchées comme de petites feuilles en haut d’un vieux peuplier et au sommet des herbes sèches volètent quelques Bruants des roseaux et des Tariers pâtres mâles et femelles.
Nous passons les deux douves pleines d’eau du château de Rouelbeau pour aller pique-niquer dans la « cour » de celui-ci. Alain se prend pour le seigneur des lieux et adresse un discours de sa voix bien timbrée à ses vassaux… pour leur souhaiter bon appétit. En même temps le soleil perce la brume et vient nous réchauffer et embellir l’ambiance.
Nous avons la chance de compter Isabelle Bovey parmi nous, elle qui a travaillé et œuvré plusieurs années durant pour la biodiversité du canton de Genève. Elle nous rend attentifs à un extraordinaire double, voire triple barrage de castors sur le cours de la Seymaz.
Le troisième temps nous mène dans les Bois de Jussy, plus précisément à l’Allée du Chambet et aux bas-marais des Prés de Villette. Là encore les explications d’Isabelle nous sont précieuses, car elle a contribué à l’aménagement des très nombreuses gouilles qui longent le chemin. Et dans chaque gouille nous découvrons les premiers occupants de l’année, beaucoup de grenouilles vertes qui sortent d’hibernation et se réchauffent au soleil, des pontes de grenouilles agiles et un triton crêté méridional, ces deux dernières espèces étant « en danger » sur la liste rouge des batraciens de Suisse.
Sur la petite plateforme donnant sur l’exceptionnel paysage du bas-marais d’importance nationale du Pré de Villette, nous avons la visite d’un groupe d’orites à longue queue et soudain nous retenons notre souffle…. un groupe de six sangliers, 2 gigantesques laies et 4 bêtes rousses, sortent du bois et s’engagent dans les marais. Avec quelques grognements et combats, ils s’installent visiblement pour un pique-nique et une sieste au creux d’un buisson. Quel spectacle, quelle journée et quel groupe sympa!
Texte : Martina / Photos : Pierre-Alain Cordey