Peu avant 9h, les 17 participants se retrouvèrent sur le parking du Col de la Croix, altitude 1776 m, au pied de la zone des pyramides de gypse, attraction géologique locale.
Les pyramides de gypse. Remontons un peu le temps : Il y a 225 à 250 millions d’années, le climat était plus chaud qu’aujourd’hui. La région était occupée par des lagunes peu profondes. L’évaporation de l’eau de ces lagunes provoqua la précipitation des sels minéraux qu’elle contenait, un peu comme le sel précipite lors de l’évaporation de l’eau des marais salants. Cette accumulation de sels minéraux, produite pendant de très longues périodes, aboutit à la formation d’importantes couches de roches sédimentaires. Le gypse est une de ces roches sédimentaires, formée de sulfate de calcium hydraté. Il est d’une structure cristalline lamellaire, de couleur blanche, assez friable. Il y a environ cent millions d’années, la formation des Alpes commença suite à la collision des plaques tectoniques africaine et européenne. La collision s’intensifia il y a une trentaine de millions d’années et les reliefs devinrent de plus en plus marqués. Aujourd’hui, cette collision continue et les Alpes s’élèvent d’environ 1 mm par année. Les roches sédimentaires formées pendant le Trias furent ainsi plissées et soulevées. Pendant les derniers millions d’années, l’érosion due aux glaciers, au vent et à l’eau conféra aux Alpes leur aspect actuel. Les Préalpes sont constituées de roches sédimentaires, essentiellement de calcaire, mais aussi de gypse, comme on peut le remarquer au col de la Croix. Friable, plus soluble à l’eau que le calcaire, le gypse s’érode facilement. Cette érosion a créé au col de la Croix des trous et des bosses assez pointues que l’on nomme les pyramides de gypse. Ouf! Assez pour la géologie!
Il fallait être concentrés sur ses pas et ne pas avoir trop le nez en l’air, ce qui fait que seuls quelques participants purent entendre et apercevoir quelques Bec-croisés des sapins. C’est ainsi que presque tous les participants crapahutèrent sur les étroits sentiers, pas trop rassurants, qui sillonnent ces paysages un peu lunaires, tantôt sur les pyramides, sur leurs flancs ou au fond des trous.
La station de baguage. A la sortie du sentier des pyramides, on atteint le pâturage ouest du Col de la Croix, à une altitude de 1840 m, où est installée la station de baguage. Depuis 1983, chaque automne, durant 4 semaines, des oiseaux sont capturés, mesurés, puis relâchés munis d’une bague en aluminium.
Le lieu est idéalement situé sur le trajet qui conduit les migrateurs du nord-est au sud-ouest de l’Europe. Il avait été choisi à l’époque par Michel Antoniazza et Christian Roulier.
L’année 2025 est une petite cuvée quant au nombre d’oiseaux capturés, néanmoins on a pu voir de près des oiseaux communs comme le Rougegorge, la Mésange bleue, le Roitelet huppé, l’Accenteur mouchet, le Pipit farlouse, le Troglodyte mignon ou le Pouillot véloce. Et bénéficier des explications de Pierre Iseli, pilier et mémoire de la station. Hormis les passereaux, des oiseaux de plus grande taille passent le col en migration. Très peu malheureusement ce jour-là. Certains ont cependant pu voir ou apercevoir un Busard des roseaux loin sur l’arête du Meilleret, et 2 Faucons pèlerins.
Suite de la balade. Depuis la station, on se rendit tous sur l’arête en passant par le col de l’Encrène (altitude 1935 m) pour piqueniquer. Le temps était superbe, la température presqu’un peu trop élevée, mais sous nous, la mer de brouillard nous faisait ne pas regretter d’avoir un peu sué pour arriver là. Très peu d’oiseaux dans les vernes, à part quelques Rougequeues noirs et Mésanges alpestres.
Au loin, quelques chamois sur la tête de Chaux Ronde, et une Buse variable.
L’agréable surprise fut le survol pendant un long moment d’un Aigle royal, juste au-dessus de nos têtes.
Le retour au col de la Croix se fit en passant par le ravissant hameau d’Ensex, environné de pâturages à la végétation très structurée, puis par un bref nouveau passage par le camp de baguage.
Texte : Jacques Thévoz / Photos : Gilbert Bavaud
