C’est par une matinée au ciel limpide, quoique encore un peu fraîche que les participants à cette sortie, tous munis de leur vélo respectif et enthousiastes quant à la superbe journée qui s’annonce, se retrouvent au pied de l’observatoire des Saviez.
D’abord du haut de la tour d’observation, puis à l’affût camouflés derrière la palissade, nous pouvons observer trois bécassines des marais bien en vue et occupées à se délecter de leur petit déjeuner tandis qu’au moins cinq de leurs comparses se reposent discrètement dans les roseaux. A quelques mètres de là, deux sarcelles mâles, l’une d’hiver, l’autre d’été, le bec plongé dans leur manteau duveteux, s’adonnent à un sommeil bienfaiteur. Un canard pilet à la longue queue, deux eiders à duvet au plumage fortement contrasté, se laissent apercevoir au loin entre les enrochements et observer en détail à la faveur du télescope. De nombreux grèbes huppés, grèbes castagneux, harles bièvres, nettes rousses et fuligules morillons ainsi que plusieurs tadornes de Belon et même un petit pouillot véloce complètent le tableau. Alors que le soleil fait son apparition en dardant ses rayons bienvenus, un magnifique martin-pêcheur perché sur un roseau nous enchante de ses couleurs flamboyantes. C’est avec difficulté que nous devons nous arracher à ce paysage si vivant et riche en espèces. Mais le programme de la journée est chargé !
Enfourchant nos montures, c’est dans un joyeux concert de fauvettes à têtes noires, de sittelles torchepots, d’orites, de troglodytes mignons, de pics épeiches que nous gagnons la rive gauche du grand canal que nous longeons ensuite jusqu’au nouvel observatoire. De là, nous pouvons admirer durant de longues minutes un milan noir perché sur une branche nettoyant son plumage avant qu’il nous gratifie de son chant pour finalement s’accoupler avec sa partenaire. Nous observons également une corneille occupée à construire son nid au moyen de rameaux de taille respectable, transportés à bout de bec. Et plusieurs pouillots véloces virevoltant dans les roseaux ainsi qu’un rougegorge étincelant au soleil, picorant au sol de quoi se sustenter.
Et alors que nous nous apprêtons à nous engager sur le môle, nous découvrons à une dizaine de mètres de nous, batifolant sur le chemin entre mottes de terre et touffes d’herbes à la recherche de quelque nourriture à se glisser dans le bec, le clou du spectacle et de la journée : la tant espérée et délicate gorgebleue à miroir, passablement indifférente à notre présence et se laissant admirer durant une bonne quinzaine de minutes.
Laissant ensuite nos vélos à proximité de l’observatoire, nous parcourons le môle jusqu’à son extrémité, (apercevant en chemin un papillon aux ailes très découpées: un robert-le-diable –Polygonia c-album en raison de la tache blanche en forme de C sur le revers des ailes postérieures–), pour finalement découvrir au loin un garrot à œil d’or, des grèbes à cou noir, un harle huppé mâle ainsi que les premières hirondelles rustiques et de rivage tournoyant à qui mieux mieux au gré des insectes potentiels à happer. Puis, en pédalant le long du Grand Canal en direction de Chessel, nous pouvons encore observer de nombreuses sarcelles d’été, nettes rousses, grèbes huppés, un faucon crécerelle, des milans noirs et royaux avant d’atteindre le charmant tronçon renaturé que nous longeons à pied.
Les estomacs de certains participants commençant à crier famine, nous décidons de nous installer pour pique-niquer au bord de cet agréable segment de canal d’où nous pouvons contempler, outre des pouillots véloces tournoyant dans la végétation des îlots, plusieurs bergeronnettes des ruisseaux étincelantes de lumière ainsi que leurs délicates cousines grises plus discrètes.
Non loin, une structure aménagée en mare accueille des pontes de grenouilles rousses ainsi que plusieurs grenouilles vertes ou rieuses s’agrippant à la berge ou tentant un plongeon. Parmi des mouettes rieuses, une mouette mélanocéphale, n’ayant pas encore atteint sa pleine maturité, aux pattes et bec sombres, décrit des cercles au-dessus de nous. Au loin, au-dessus et entre les montagnes du côté nord de la plaine du Rhône, nous apercevons un aigle royal se détachant dans le bleu du ciel avant de se fondre parmi les flancs boisés.
Notre dernier arrêt de la journée au Vieux Port nous offre en guise de joyeux bouquet final un resplendissant martin-pêcheur guettant une proie éventuelle depuis son perchoir. Et c’est à l’observatoire des Saviez que les participants à cette belle et enrichissante journée prennent congé les uns des autres, les yeux, les oreilles et les cœurs emplis d’images et de modulations sonores enchanteresses et bienfaisantes. Un merci particulier à Martina qui avait pris soin de préparer l’itinéraire malgré son absence et à Aristide qui, muni de son téléscope, nous a permis de bénéficier de précieuses observations.
Françoise Parisod