Pas le moindre nuage, un ciel bleu gentiane, pas le moindre doute concernant la météo. De la Forclaz, nous entrons dans le fond du Val d’Hérens, dans un autre univers, grandiose, sauvage, minéral, intouché… et ce malgré le nombre de promeneurs que nous rencontrons à partir de midi et le terrible recul des glaciers dû au réchauffement climatique. Plusieurs membres du groupe qui venaient déjà enfants dans cette vallée, dont Antoinette, native de Vex, nous font déplorer le fatal recul des glaciers, celui de Ferpècle, mais encore d’avantage celui du Mont Miné.
Les 16 membres du GANaL, bien conscients de la beauté fragile de ce lieu, s’engagent dans le petit sentier avec le sentiment d’entrer dans un sanctuaire. Tant de beauté vous coupe le souffle. Nous n’observons que très peu d’oiseaux, affairés qu’ils sont très certainement à couver ou nourrir. Ils se font discrets. Un petit Pouillot de Bonelli, tout à son petit trille, se laisse tout de même admirer longuement au sommet d’un mélèze. A part lui, nous entendons entre autres le Coucou, l’Accenteur mouchet, le Rougegorge familier, la Grive draine et … un joli petit tas de fientes … qui nous laisse imaginer la Perdrix bartavelle. A deux reprises l’Aigle royal plane au-dessus des sommets et sur une vire, un groupe de bouquetins paît tranquillement (prononcez le « e » de bouquetins à la charmante manière de Heidy!).
Si les oiseaux ne sont pas vraiment au rendez-vous, les découvertes botaniques et le parterre de fleurs nous enchantent. Lys du paradis, vesce esparcette, renoncule à feuilles d’aconit, dryade à huit pétales, botryche lunaire, bartsie des Alpes, pigamon à feuille d’ancolie, primevère farineuse, grassette, orchis mâle, orchis moucheron, orchis grenouille, orchis de mai entourent les nombreux petits biotopes marécageux et les ruisselets à l’eau limpide, où nous observons des têtards de grenouilles rousses, et ceux des crapauds communs, toutes sortes de trichoptères, de gerris et, bien sûr, dans un étang un peu plus grand, une incroyable quantité de tritons alpestres mâles et femelles.
Un splendide papillon Apollon semble se reposer, ou s’abreuver(?), dans une touffe de laîches et le rare papillon Morio virevolte à n’en plus finir autour de petits bouleaux.
En longeant la Borgne dont les eaux bleu-vertes, turquoises, limoneuses, glaciaires s’élancent en bondissant vers le bas de la vallée, le concert de trois cors des Alpes ajoute une touche d’émotion solennelle à ce lieu grandiose.
Notre amie Karin, amoureuse et fine connaisseuse de ces lieux, nous rejoint et nous permet de vivre un bouquet final unique, des touffes de sabots de Vénus au-dessus du hameau de Lannaz. Je crois vraiment que tout le groupe rentre heureux de cette excursion et bien conscient de vivre dans un très beau pays, qu’il s’agit de protéger par notre engagement sans faille envers la nature qui nous entoure.
Texte: Martina Suter Trandafir / Photos: Pierre-Alain Cordey et Gilbert Bavaud